Mercredi 4 décembre 2024

Nouvelle onduleuse au site de production d’Oensingen

Michael Bauer, directeur régional des ventes chez BHS Corrugated Maschinenund Anlagenbau GmbH à Weiherhammer, en Allemagne, accompagne le projet d’installation de la nouvelle onduleuse chez Bourquin SA.

 

enVogue (enV) : Monsieur Bauer, BHS Corrugated a une histoire passionnante qui remonte jusque dans les années 1700. Pourriez-vous en faire un petit résumé et nous expliquer comment l’entreprise, longtemps gérée par l’État, est devenue une entreprise familiale.

Michael Bauer (MB) : Les origines de BHS (Bayerische Berg-, Hütten- und Salzwerke AG) remontent à 1717. À cette époque, une usine métallurgique a été créée par décret ducal dans le nord du Haut-Palatinat, en Bavière. C’est de là qu’est née la localité de Weiherhammer. Le « Weiher » (étang) servait à actionner le « Hammer » (marteau) de l’usine sidérurgique, d’où le nom de la localité. En 1960, le domaine d’activité de BHS a été élargi : en plus de la fonte, des machines à fabriquer du carton ondulé ont été conçues et produites. À partir de là, le domaine d’activité s’est constamment étendu jusqu’à la privatisation de l’entreprise publique BHS en 1993. Les deux personnalités essentielles dans ce contexte étaient Paul Engel, le père de Lars et Christian Engel, et Edmund Bradatsch. Leur courage et leur esprit de pionnier inspirent humilité et respect. J’ai eu le grand honneur, lorsque j’étais encore jeune collaborateur de BHS, de pouvoir faire la connaissance personnelle de Monsieur Edmund Bradatsch.

enV : BHS Corrugated est aujourd’hui l’un des principaux fabricants mondiaux d’installations pour le carton ondulé. Comment votre entreprise s’estelle développée au cours des dernières années ? Et quels sont les principaux objectifs ?

MB : Notre principal objectif est avant tout d’être au service de notre clientèle et de pouvoir leur proposer des solutions adaptées et personnalisées tout au long du cycle de vie des machines ainsi que les services qui y sont liés. En parallèle, nous sommes en train de nous développer dans le domaine de la numérisation de l’usine, de l’impression numérique avec l’onduleuse et des navettes automatisées pour l’approvisionnement en papier de l’onduleuse. L’idée est d’optimiser l’approche générale du processus de fabrication d’emballages en carton ondulé. Nous sommes résolument convaincus que pour les prochaines grandes étapes dans le domaine de la fabrication d’emballages en carton ondulé, on ne peut plus se contenter d’améliorations discontinues dans différents secteurs partiels. L’objectif doit être de révolutionner le flux, de la réception de la commande à la livraison.

enV : Tout comme Bourquin SA, BHS est aussi une entreprise exclusivement familiale. Quels sont vos objectifs à long terme ? Où se concentre l’objectif ?

MB : Je crois que c’est l’idée de concilier la responsabilité envers son personnel et envers l’environnement avec des décisions économiques judicieuses qui caractérise le plus BHS. En tant qu’entreprise familiale, c’est également la capacité d’accepter les changements et, au même niveau, de prendre des décisions visionnaires. Au cours des plus de 300 ans d’histoire de notre entreprise, il y a forcément eu des décideurs à chaque génération qui ont toujours réorienté BHS. La BHS d’aujourd’hui n’est plus celle d’il y a 30 ou 300 ans. Ce qui reste néanmoins, c‘est l‘envie de donner de bonnes conditions de départ à la prochaine

enV : La pandémie de coronavirus, la guerre en Ukraine, la crise énergétique, des problèmes dans la chaîne d’approvisionnement, la liste n’est pas exhaustive. Comment faites-vous face à ces défis en tant que fabricant d’installations ? Et comment devrait se positionner à l’avenir une entreprise comme BHS, selon vous ?

MB : La famille propriétaire de BHS dit qu’il faut rester implanté le plus possible au niveau régional partout dans le monde. Nous disposons de plus de vingt organisations locales de service à la clientèle dans le monde entier. En outre, nous comptons bientôt onze sites différents de fabrication, de montage et de logistique ; ils se situent en Allemagne, aux États-Unis, à Shanghai, en République tchèque, au Brésil, en Italie et en Malaisie. L’Inde et la Turquie viendront bientôt s’ajouter à la liste. Minimiser les risques grâce à la diversification, tel est notre mot d’ordre.

enV : « Durabilité » est sur toutes les lèvres. Dans le projet actuel de BHS pour Bourquin SA, la durabilité joue également un grand rôle, et pas seulement en raison de l’installation photovoltaïque qui est réalisée parallèlement à l’installation de la nouvelle onduleuse BHS. Comment ce sujet est-il traité par votre entreprise ?

MB : La direction accorde la plus grande importance à ce sujet. Non seulement nous disposons d’une équipe dédiée à l’ESG, mais nous publions aussi régulièrement un rapport sur la durabilité. Pour nous, le lien direct entre la durabilité et nos installations est le suivant : vous fournir un produit qui utilise efficacement les matériaux introduits, notamment le papier. Nous faisons ainsi d’une pierre deux coups : d’une part, nous évitons les déchets et le gaspillage des ressources et, d’autre part, nos clients économisent de l’argent.

enV : Sur le marché dynamique de la production de carton ondulé, une planification efficace est décisive pour le succès. Selon vous, quelle est la stratégie de planification idéale dans une entreprise de carton ondulé ?

MB : En tant qu’ingénieur commercial, je vois globalement de nombreuses approches différentes concernant les stratégies de planification des usines de carton ondulé, mais elles ont toutes un point commun : les usines opèrent dans un marché local pour satisfaire les exigences individuelles de leur clientèle en matière d’emballage. Le plus important est donc de connaître ses clients et de satisfaire leurs besoins le mieux possible. Personnellement, je suis convaincu que l’utilisation de l’impression numérique directement sur la machine produisant le carton ondulé va complètement révolutionner les stratégies de planification. Pouvoir livrer un client dans un délai de deux ou trois semaines et mettre à disposition de grandes quantités d’emballages préfabriqués dans des entrepôts à hauts rayonnages, à la demande, ne seront plus les seuls objectifs. En effet, la nouvelle tendance se trouve parmi ces nouveaux mots-clés : « time to market » dans les plus brefs délais, pouvoir réagir aux événements actuels, mais en évitant de produire trop de déchets ou des coûts liés aux emballages préfabriqués.

enV : Comment soutenez-vous la résolution de problèmes lorsque cela est nécessaire ? Est-ce qu’un « accès à distance » est possible, ou est-ce que vos techniciens se déplacent encore personnellement sur place ? Oensingen se situe à un peu plus de 500 kilomètres de Weiherhammer.

MB : Il s’agit de trouver le bon équilibre entre les deux manières de faire, avec la possibilité de réagir beaucoup plus vite qu’avant grâce à l’accès à distance. Avoir recours à la télémaintenance plutôt que de se déplacer sur site permet assurément de réduire les temps d’arrêt et d’augmenter la productivité de l’installation. Dans le passé, il y avait relativement peu de possibilités de résoudre à distance des problèmes mineurs qui ne prenaient que trente minutes. Beaucoup de temps était perdu en déplacements. Il est cependant compréhensible pour tout le monde qu’il est indispensable de disposer de techniciens expérimentés et parfaitement formés. C’est pourquoi nous avons par exemple deux techniciens de service en Suisse, qui se complètent très bien avec notre service et centre d’assistance à Weiherhammer.

enV : BHS Corrugated propose tout ce qui concerne la fabrication du carton ondulé : des machines individuelles, un système de fabrication pour le carton ondulé et même toute une usine intelligente. L’accent est mis sur la productivité dans la fabrication du carton ondulé. De quoi faut-il surtout tenir compte ?

MB : C’est une question qui peut avoir différentes réponses, selon sur quoi est mis l’accent (Sheetfeeder, Boxplant, haute qualité, etc.). Depuis mes études et mon travail de master, je suis personnellement convaincu de la philosophie KAIZEN et du Lean Management. Pour moi, l’un des thèmes les plus importants est que chaque employé d’une usine de production doit connaître le collaborateur le moins performant : il s’appelle TIM WOODS. Cet acronyme signifie Transport (transport), Inventory (inventaire), Motion (mouvement), Waiting (attente), Over production (surproduction), Over processing (surtraitement), Defects (défauts) et Skills utilization (utilisation des compétences). Si ces points sont respectés au quotidien, on a déjà beaucoup accompli.

enV : La nouvelle « pièce maîtresse » de notre site moderne et rénové d’Oensingen est justement cette nouvelle installation de fabrication pour le carton ondulé BHS d’une longueur de plus de 120 mètres. Quelles sont, selon vous, les caractéristiques les plus remarquables de votre système de fabrication de carton ondulé ?

MB : L’une des principales exigences du projet était que toutes les possibilités de production en ce qui concerne les flots de carton ondulé et les combinaisons doubles puissent à nouveau être produites chez vous. La machine peut ainsi traiter les cannelures C, B, E, D et F. De même, la machine dispose des derniers développements en matière de maintenance préventive et de surveillance de l’état. Dans notre entreprise, cela s’appelle iCorr. L’objectif est de vous tenir informé à tout moment de l’état de la machine et d’éviter préventivement d’éventuels arrêts.

enV : Avoir du personnel bien formé sur l’installation pour le carton ondulé est une clé essentielle de notre succès. Une très bonne installation BHS ne suffit pas. Pour les méthodes de production et le degré d’automatisation actuels, la formation à l’utilisation et à la maintenance est importante. Que fait BHS dans ce sens ?

MB : Pour le démarrage et la montée en puissance de votre nouvelle onduleuse, nous avons développé, en collaboration avec la direction de votre entreprise et de votre projet, un concept en deux étapes qui s’étend sur les 18 premiers mois après le démarrage de la machine. Dès le début, nous avons convenu d’un programme de formation de six semaines, au cours duquel un formateur pour onduleuse expérimenté de notre entreprise accompagnera votre équipe de techniciens. De même, au cours des 18 mois suivants, une formation continue sera dispensée dans le domaine de la maintenance et de l’assurance de la productivité.